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17.01.2007

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Moudjahidin du peuple

L'autre fanatisme iranien

 

Lors de l'avnement de Khomeiny, en 1979, l'Organisation des moudjahidin du peuple d'Iran s'est replie en Irak. Sous le prtexte de se battre pour la dmocratie, elle y entretient un monde parallle, jusqu'au-boutiste, gouvern par la haine de la Rpublique islamique. Rcit de combattants repentis.

Liberation- France

Par Jean-Pierre PERRIN

QUOTIDIEN : mercredi 3 janvier 2007

u moment de son arrestation, Babak Amine n'a pas pu avaler sa capsule de cyanure. Les policiers iraniens sont arrivs par surprise derrire lui alors qu'il se promenait dans un centre commercial de la place Vanak, Thran. Une cl au cou pour l'immobiliser, l'empcher de dglutir, et une main qui s'enfonce en mme temps dans sa bouche pour lui arracher la potion mortelle. L'unit est spcialement entrane pour ce type d'intervention : la capture de militants de l'Organisation des moudjahidin du peuple d'Iran (Ompi). Elle est assiste par une quipe mdicale qui dispose des antidotes ncessaires. Quatre de ses camarades, qui avaient russi s'empoisonner lors de leur arrestation, ont ainsi pu tre sauvs. C'est en juillet 2001 que Babak Amine a t apprhend. Arriv d'Irak, il venait de commettre une srie d'attentats la grenade contre des centres de scurit, les derniers commis ce jour en Iran par cette organisation, prsente dans toute l'Europe.

Horreur et science-fiction 

Lors des attentats, Babak Amine n'a russi tuer personne. Ce qui lui vaut d'chapper la peine capitale. Condamn dix ans de prison, il en a effectu cinq et bnficie d'une libert conditionnelle. Aujourd'hui, ce repenti quadragnaire, qui tudie l'informatique dans une universit de Thran, raconte ce que furent ses quelque vingt annes passes au sein de l'Ompi, o il avait le grade de commandant. Un rcit qui mle horreur et science-fiction. On y dcouvre un monde parallle, gouvern par une utopie frntique qui, par haine de la Rpublique islamique, inverse ses valeurs. Ce qui se traduit, par exemple au sein de sa branche arme (l'Arme de libration nationale de l'Iran), par la domination des femmes sur les hommes. Les combattantes sont officiers suprieurs et les hommes, avec des exceptions, sous-officiers ou simples soldats, affects la vaisselle ou la lessive. Cela n'empche pas une stricte sgrgation des sexes, pousse l'extrme dans les bases en Irak. Bien sr, il y a des rfectoires spars. Mais aussi des stations-service distinctes pour empcher tout prix hommes et femmes de se rencontrer. Si tu dois t'adresser ta commandante, il faut que 4 ou 5 personnes soient prsentes avec toi, indique Babak. Seule la piscine est permise pour les hommes, mais condition qu'ils s'y baignent tout habills.

C'est depuis Vienne, o il rside alors, que Babak s'engage fond, en 1983, dans ce qu'il appelle l'Organisation. Cre en 1965, celle-ci a pris une part active la lutte arme contre le chah, qui a fait excuter tous ses dirigeants historiques l'exception de son chef actuel, Massoud Radjavi. Professant un islam sans mollah ml de vulgate marxiste, elle a refus de faire allgeance au rgime, ce qui lui a valu d'tre mise hors la loi par l'imam Khomeiny. A l'gard des idiots utiles de l'Occident, elle a un message rod, o elle promet d'instaurer la dmocratie en Iran. Mais ce qui pousse Babak franchir le pas, il l'explique d'une voix sans passion, comme morte, ce sont des photos de prisonniers politiques torturs par le rgime islamique qui lui sont montres. Avec cinq autres personnes, il part pour l'Irak, o l'Ompi qui s'est allie Saddam Hussein pourtant en guerre contre l'Iran a ses camps militaires. A la base Jalili, dans le Kurdistan irakien, il reoit un entranement militaire pouss avec 300 autres tudiants iraniens venus du monde entier. Le but est de former de petits groupes de deux trois combattants qui seront ensuite infiltrs l'intrieur de l'Iran. Puis commence un long sjour la base Achraf, le quartier gnral des Moudjahidin du peuple, une soixantaine de kilomtres de Bagdad. C'est un autre monde, un monde hors du monde, qu'il y dcouvre : Une socit compltement referme sur elle-mme. Interdiction de recevoir des lettres ou des coups de tlphone. Pas le droit de sortir de la base sauf pour des raisons mdicales ou, parfois, faire des achats. 

Contrle absolu des consciences 

En 1989, l'enfermement se durcit. L'anne prcdente a vu la fin de la guerre Iran-Irak et, au lendemain du cessez-le-feu, l'chec de la grande offensive de l'Ompi lance depuis la frontire irakienne. Baptise Lumire ternelle, elle parviendra s'enfoncer l'intrieur de l'Iran avant d'tre contrainte de se replier avec de lourdes pertes, le soulvement de la population promis par Massoud Radjavi et sa femme Maryam, qui vit aujourd'hui Auvers-sur-Oise, en rgion parisienne, ne s'tant pas produit. Ils nous ont dit : "Vous n'avez pas bien lutt, c'est pour a que vous avez perdu." Commence le contrle absolu des consciences. Le mariage devient interdit, le divorce obligatoire, mme si le conjoint est demeur en Iran. Les bagues doivent tre enleves. Dans ton cerveau, tu devais oublier l'existence des femmes. Chaque jour, il y avait des runions o l'on devait expliquer notre chef ce qui passait dans notre tte, commencer par les choses sexuelles. C'tait not dans un rapport que l'on utilisait ensuite au besoin contre toi, en particulier si tu cherchais quitter l'Organisation. Cela faisait que chacun pensait que l'autre tait un pervers. Tu n'tais plus rien, mme au fin fond de ta pense. Les rares distractions sont consacres regarder des films de guerre. Ils taient censurs, bien sr, mais, aprs les avoir vus, tu devais encore dire ce que tu avais ressenti. 

Behrouz Soltani, g aussi de 40 ans, dit la mme chose. Si bien, ajoute-t-il, que, quand je suis rentr en Iran, j'avais des penses sexuelles bizarres, mme l'gard de ma soeur. Lui, s'il a fait partie de l'Ompi, c'est cause de la guerre Iran-Irak. Ancien du Bassidj, les milices islamiques, il a t captur en 1982 par les troupes irakiennes Bassora. Il n'a que 15 ans. Dans le camp de prisonniers, on a demand certains s'ils voulaient tre librs. J'ai dit oui et on m'a conduit la base d'Achraf. L, on m'a propos de rejoindre Radjavi ou d'tre dtenu pendant huit ans Abou Ghraib [l'effroyable prison de Saddam Hussein, ndlr] Au sein des Moudjahidin, il devient un suppltif de l'arme irakienne, notamment contre les Kurdes, au printemps 2001. Soltani n'est pas fier de ce qu'il a fait sur la frontire avec l'Iran. On a beaucoup tu de Kurdes. Les officiers nous disaient qu'ils taient iraniens, mais, cause de leurs vtements, on voyait bien que c'tait faux. J'ai vu nos blinds passer sur leurs corps, juste pour rigoler. Il y avait aussi des familles de rfugis kurdes qui rentraient en Irak avec des drapeaux blancs. On les arrtait, hommes, femmes et enfants, et on les remettait aux soldats irakiens. Il poursuit : C'est normal de tuer des combattants, pas des civils innocents. Seulement, on ne pouvait rien dire. Pour le comprendre, il faut remonter jusque dans le coeur de l'Organisation. Un homme, mme en prison, doit avoir une identit. Nous, nous n'tions rien, les Irakiens nous appelaient les "gens de Radjavi". Moi, ce que j'esprais, c'est que l'on me tue pour ne plus subir les sances d'interrogatoire du soir. Dans ces conditions, tu n'as de piti pour personne. On ne te laisse pas aimer quelqu'un. 

Hora Tchalsi, 35 ans, a rejoint 24 ans les Moudjahidin, qui l'ont force ensuite divorcer et se sparer de sa petite fille, ge de 4 ans. Elle a russi une premire mission mais a t arrte, en novembre 2000, l'issue de sa deuxime, qui a consist tirer des roquettes sur une caserne des Gardiens de la Rvolution Thran. Au moment de regagner l'Irak, le passeur m'a livr la police. Il l'a fait la demande des dirigeants de l'Ompi. J'ai compris qu'ils ne voulaient pas que ceux qui partent en opration en reviennent, de crainte que l'on raconte que l'Iran d'aujourd'hui ne correspond pas la vision qu'ils en donnent. Condamne la prison vie, elle n'est reste incarcre qu'un an et demi et est aujourd'hui sous contrle judiciaire. Lorsqu'elle a t arrte, souvient un de ses camarades, nos chefs nous ont fait croire qu'elle avait t tue et toute la base Achraf a clbr son martyre.  S'ils prfrent te voir tu, c'est pour pouvoir aussi se servir de ton sang, renchrit Behrouz Soltani.

Sous protection amricaine 

Aujourd'hui, la base Achraf compte encore environ 3 000 hommes et femmes. Elle reste commande par une femme, Mojgane Parsa. La diffrence avec l'poque de Saddam Hussein, c'est qu'elle est dsormais sous la protection des troupes amricaines, qui ont dsarm les combattants et la dfendent contre les groupes chiites pro-iraniens. Si le dpartement d'Etat amricain a class l'Ompi sur sa liste des organisations terroristes, le Pentagone a une politique plus souple, profitant de ses informations sur l'Iran et n'excluant pas de se servir d'eux contre le rgime islamique. Cependant, il est dsormais tolr que les militants puissent quitter la base et regagner leur pays, ce que Nasser, 49 ans, a fait dernirement. Il est demeur vingt ans avec les Moudjahidin : J'avais pass quatre ans dans une prison iranienne pour mes activits politiques. Quand je suis sorti, il n'y avait aucune place pour moi dans la socit, alors je les ai rejoints. Avec eux, je voulais librer mon peuple. Une fois hors de la base, il a pass trois mois dans le camp amricain de Tiff. Les Amricains savaient tout de nous. Dans ce camp, nous tions comme des rfugis, sauf que leur comportement tait brutal. Ils ne te respectaient pas, sauf si tu tais leur serviteur. Si on contestait, ils nous frappaient, affirme-t-il.

Pendant longtemps, la seule appartenance l'Ompi pouvait tre passible de la peine de mort en Iran, et des milliers de militants l'ont pay de leur vie. Aujourd'hui, le rgime a chang compltement de politique et, s'il n'y a pas crime de sang, pratique la main tendue, permettant mme aux repentis d'avoir une petite association d'o ils s'emploient exfiltrer ceux qui sont demeurs en Irak. Aujourd'hui, ils viennent d'apprendre le suicide par le feu de Yasser Akbari-Nassab, un de leurs amis, la base d'Achraf. L'Organisation n'est plus que le fantme de ce qu'elle fut pendant les annes 80. Si l'Ompi quitte l'Irak, elle est finie pour toujours, prdit Babak. En attendant, elle reste trs riche et influente en Europe. Elle vient d'ailleurs de remporter une importante victoire devant la justice europenne, laquelle, le 12 dcembre, a annul le gel des avoirs, estims plusieurs millions d'euros, dont elle faisait l'objet depuis 2002. Les repentis, qui ont sacrifi leur jeunesse, n'ont pas rejoint pour autant le rgime islamique. On dteste dsormais tout ce qui est politique, dclare Hora Tchalsi.

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